De belles histoires
Derrière chaque objet, il y a une histoire.
Et derrière chaque histoire, des mains, des visages, des parcours uniques.
Chez Nouvelle Fabrique, nous aimons raconter ces récits qui donnent du sens à nos gestes quotidiens. Celles de nos salarié·es en parcours d’insertion, qui retrouvent confiance en leurs talents. Celles de nos collègues engagé·es au quotidien. Et les histoires de celles et ceux qui nous confient leurs objets avec émotion — après un déménagement, une succession, un changement de vie. Et celles, bien sûr, des objets eux-mêmes : réparés, transformés, réinventés pour entamer un nouveau chapitre.
Ces histoires sont la matière vivante de notre projet. Elles disent qu’un autre modèle est possible — plus humain, plus solidaire, plus circulaire.
Nos belles histoires
Elisabel – La passion de la transmission
Originaire d’Espagne, Elisabel détient une formation d’anthropologue et sociologue dans le domaine de la santé.
À son arrivée en France, sans parler la langue, elle a dû réinventer sa trajectoire. Animée par la volonté d’agir, elle se forme au métier de conseillère en insertion et rejoint Tri 37.
Elle découvre alors l’univers de l’économie circulaire. Une évidence pour elle face à une surconsommation chaque jour plus affolante. À la tête de la recyclerie « La Caverne de Tri’Tout », Elisabel allie désormais sa passion pour les beaux objets à son engagement social. Avec son équipe, elle restaure et transforme les dons pour leur offrir une nouvelle vie, et propose aussi des créations uniques pour l’aménagement de lieux comme des hôtels, restaurants ou salons d’hôtes.
Il y a quelques mois, c’est un manoir qui a fait appel à ses services pour l’aménagement de son salon et de ses chambres.
La recyclerie est aussi un lieu convivial et chaleureux, car l’obsession d’Elisabel est non seulement de redonner de la valeur aux objets, mais aussi d’accueillir, de valoriser les personnes qui font le choix de l’achat responsable et accessible de la seconde main, et de faire en sorte qu’elles aient plaisir à venir chiner dans ce lieu unique.
Sa seule recommandation : aller voir sur place pour se rendre compte de l’intérêt de ce lieu et de tous ses trésors.
Wilfried – Une montée en confiance
Wilfried rejoint la recyclerie à 50 ans, après une période de chômage de longue durée et des difficultés de santé et de logement. Grâce à l’accompagnement de Tri 37, ses compétences sont reconnues : lui qui avait dirigé une cuisine retrouve un rôle actif au sein de l’équipe.
Petit à petit, il se forme au numérique, apprend à utiliser les outils de gestion, prend des responsabilités.
Son autonomie grandit, sa confiance aussi. Aujourd’hui, il gère la réception des dons et contribue au bon fonctionnement de la recyclerie. Et surtout, il a retrouvé un logement et une stabilité. Un parcours qui incarne pleinement la mission de Nouvelle Fabrique : valoriser les objets, mais aussi les personnes.
Wendy Riva, architecte d’intérieur – une cliente comblée
Wendy Riva, architecte d’intérieur passionnée par la rénovation et la décoration, a collaboré avec Tri 37 dans le cadre de la transformation d’un manoir du XVe siècle à Mettray. Le bâtiment, laissé en l’état après sa vente, regorgeait de meubles et d’objets en parfait état. Plutôt que de les voir partir à la déchetterie, Wendy et la nouvelle propriétaire ont choisi de faire appel à Tri 37 pour leur offrir une seconde vie.
Cinq camions ont été nécessaires pour vider les lieux, révélant des trésors tels qu’une table en marbre, des luminaires des années 70 et du linge de table brodé. Cette opération a été menée de main de maître par une équipe de neuf personnes, dirigée par Christophe, rencontré lors d’un réseau d’affaires. Le professionnalisme, la réactivité et la qualité du service ont été tels que Wendy a de nouveau sollicité Tri 37 pour le débarras d’une péniche à Issy-les-Moulineaux.
Ce qui distingue Tri 37, c’est son engagement humain. En plus de la revalorisation des objets, l’association œuvre pour l’insertion professionnelle, en confiant à chacun des tâches adaptées à ses compétences. Pour Wendy, cette approche est essentielle : « C’est hyper important, c’est mon confort. »
Devenue cliente fidèle, Wendy n’hésite pas à confier des objets personnels à la boutique et à y chercher des cadeaux uniques, qu’elle offre avec fierté en expliquant leur histoire et leur nouvelle vie. Elle souligne également l’importance de la mise en scène des objets dans le showroom, qui facilite leur adoption par de nouveaux propriétaires.
En 2030, Wendy imagine Tri 37 dix fois plus grand, avec des espaces aménagés comme de véritables showrooms, permettant à chacun de se projeter et de s’offrir des pièces de qualité, même avec un budget limité. Pour elle, Tri 37 est bien plus qu’une boutique : c’est un lieu de transmission, de solidarité et de transformation, où chaque objet et chaque personne trouvent leur place.
La belle histoire de Karim
À Perpignan, une seconde vie pour les meubles… et pour les gens.
Karim n’aurait jamais pensé atterrir là. Il habitait tout près, à moins d’un kilomètre, mais il n’avait jamais entendu parler d’un atelier et chantier d’insertion tout près de chez lui. Un peu par hasard, il y fait un stage dans le cadre d’une formation pour adultes : un mois prévu, pas plus. Mais au bout d’une semaine, on lui propose un CDI. Il accepte. Il arrête sa formation. Et il reste.
Karim devient responsable de l’atelier bois. Il reçoit les meubles récupérés ici et là. Vide-maisons, collectes, encombrants : jusqu’à sept containers sont remplis lors de ses passages. Il travaille avec une équipe de cinq à sept personnes. Ensemble, ils poncent, réparent, transforment. Mais surtout, ils créent. « On faisait des canapés, des pièces uniques. Une cliente venait régulièrement, juste pour voir ce qu’on avait imaginé cette fois-là. »
Karim est malvoyant. Il a été menuisier dans une autre vie. Dans cet atelier, il retrouve ce qu’il aimait : le geste, la matière, l’invention, et surtout la transmission. Car ici, les meubles ne sont pas les seuls à prendre un nouveau départ.
« Quand une personne arrive à la boutique, souvent elle est en difficulté. On prend le temps d’écouter, de comprendre ce qui l’intéresse. Bois, électro, textile ? On ne cherche pas à en faire un préparateur technique, mais à lui redonner l’envie, la confiance, le rythme. »
Avec les personnes en insertion, Karim prend le temps, adapte son accompagnement. Il sait que chaque meuble réparé raconte en parallèle, un peu la même histoire : soutenir, restaurer, regarder autrement, cela peut tout changer. « Un meuble qu’on sauve, il repart pour 20 ans. C’est pareil pour une personne. Il faut juste du respect, du temps, et croire en elle. »
Aujourd’hui, Karim est devenu responsable de la boutique. Il répare ce qui peut l’être, trie, conseille, choisit avec soin les objets à proposer. Il parle toujours de la « symbolique », de la valeur retrouvée.
Rachid – L’artisan du quotidien
Avant de franchir les portes de l’AEPI, Rachid vivait de petits boulots et de ventes sur les marchés. Passionné par les livres, il fabriquait et reliait des couvertures, apportant une touche personnelle à chaque ouvrage. À 62 ans, alors qu’il arrivait en fin de droits, France Travail l’a orienté vers notre structure.
Dès son arrivée, il s’est investi dans l’atelier bois, en particulier la peinture. Toujours ponctuel, souriant et heureux d’être là, il est rapidement devenu un pilier de l’équipe.
L’enthousiasme et la constance, c’est indispensable dans un atelier où les parcours de vie sont parfois chaotiques.
Pendant un an et demi, Rachid a contribué à redonner vie à 3 ou 4 meubles par semaine. Aujourd’hui, il travaille comme préparateur de commandes.
Marco – La révélation inattendue
Originaire de Perpignan et issu de la communauté gitane espagnole, Marco, une trentaine d’années et père de trois enfants, est arrivé sans expérience professionnelle. Habitué aux travaux saisonniers, il faisait face à des difficultés en lecture et écriture, comme cela peut souvent arriver dans notre région.
Orienté par France Travail, Marco a intégré l’atelier bois après un entretien avec notre conseiller en insertion. Certains doutaient de sa persévérance mais il a rapidement démontré son potentiel, assistant à tous les cours de remise à niveau en français.
En rénovant des meubles destinés à la benne, Marco a révélé un talent remarquable, transformant des pièces abandonnées en trésors prisés. L’un de ses chefs-d’œuvre a même été vendu 250€ après un patient travail de restauration ! Au terme de son parcours chez nous, il a obtenu son permis poids lourd en seulement quatre mois, a déménagé avec sa famille dans un nouveau quartier et veille désormais à parler français avec ses enfants, pour leur donner toutes les chances de construire leur avenir professionnel.
Johanna – En route vers la liberté
À 34 ans, Johanna vivait sur un bateau avec son mari, rêvant de confectionner des bijoux et de parcourir les routes en camping-car. Après une séparation, elle a rejoint notre équipe, apportant avec elle une énergie et une sensibilité uniques. Dès le début, Johanna est devenue un soutien précieux, m’accompagnant lors des collectes chez les particuliers. Sa présence rassurante et son professionnalisme ont été de grands atouts dans ces interventions.
Inspirée par ces expériences et pour stabiliser sa situation, elle a décidé de passer son permis poids lourd. Aux côtés de Rachid, elle a suivi une formation intensive de quatre mois et demi, qu’elle a brillamment réussie. Après un an passé avec nous, Johanna a réalisé son rêve : acquérir un camping-car et partir en Bretagne retrouver sa famille. Elle envisage maintenant de faire un tour de France avant de s’installer et de poursuivre son parcours professionnel.